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Mon gros coup de cœur de la semaine, Une Séparation de
Asghar Farhadi.
Tout commence par un couple qui se déchire après douze années de vie commune. Elle veut partir de ce pays « sans avenir », lui veut rester en Iran parce qu’il doit s’occuper de son père atteint d’Alzheimer. Son père, fil conducteur, figure omniprésente, immuable et muette qui ne demande rien mais dont il faut s’occuper en permanence… ainsi s’installe la première complication. Après le départ de sa femme Simin, Nader emploie Razieh, une femme à qui il confie la surveillance de son père la journée. Mais un jour, une dispute éclate suite à une négligence impardonnable : Razieh a laissé le vieil homme seul, ligoté à son lit. Sa disparition inexpliquée la place évidemment en tors face à la mort qu’a frôlé le père de Nader, mais les événements s’enchaînent et le film tire justement sa force de la confusion, des doutes, des accusations, des petits incidents qui se révèlent finalement signifiants. L’instabilité de la situation, la fragilité des témoignages, la perpétuelle remise en cause des souvenirs des faits constituent la dynamique du film, questionnant sans cesse notre point de vue, notre jugement. Par la suite, Nader est accusé d’avoir poussé la pauvre femme dans les escaliers à la suite de leur dispute, provoquant sa fausse couche. Mais savait-il qu’elle était enceinte ? On se demande alors s’il est possible qu’il ne l’ait pas remarqué, ce qui empêcherait sa condamnation en temps que criminel. Ainsi s’enchaînent les questionnements, chacun clame son innocence et la faute de l’autre.
Tout commence par un couple qui se déchire après douze années de vie commune. Elle veut partir de ce pays « sans avenir », lui veut rester en Iran parce qu’il doit s’occuper de son père atteint d’Alzheimer. Son père, fil conducteur, figure omniprésente, immuable et muette qui ne demande rien mais dont il faut s’occuper en permanence… ainsi s’installe la première complication. Après le départ de sa femme Simin, Nader emploie Razieh, une femme à qui il confie la surveillance de son père la journée. Mais un jour, une dispute éclate suite à une négligence impardonnable : Razieh a laissé le vieil homme seul, ligoté à son lit. Sa disparition inexpliquée la place évidemment en tors face à la mort qu’a frôlé le père de Nader, mais les événements s’enchaînent et le film tire justement sa force de la confusion, des doutes, des accusations, des petits incidents qui se révèlent finalement signifiants. L’instabilité de la situation, la fragilité des témoignages, la perpétuelle remise en cause des souvenirs des faits constituent la dynamique du film, questionnant sans cesse notre point de vue, notre jugement. Par la suite, Nader est accusé d’avoir poussé la pauvre femme dans les escaliers à la suite de leur dispute, provoquant sa fausse couche. Mais savait-il qu’elle était enceinte ? On se demande alors s’il est possible qu’il ne l’ait pas remarqué, ce qui empêcherait sa condamnation en temps que criminel. Ainsi s’enchaînent les questionnements, chacun clame son innocence et la faute de l’autre.
Au-delà de la question de la vérité, le film pointe la
réalité sociale. Le couple menacé par la séparation est issu d’un milieu
modeste, mais vit confortablement. De l’autre côté, la famille de Razieh
survit, et c’est bien pour cette raison qu’elle a accepté ce boulot
compromettant (la religion l’autoriserait-elle à s’occuper d’aussi près d’un
homme ?) et son mari trime depuis des années pour gagner à peine de quoi
manger. Un sentiment implicite d’injustice anime alors les plus démunis, qui
semblent aussi se démener devant le juge pour dénoncer leur condition précaire.
Le mari de la plaignante incarne tout à fait ce désarroi, menaçant, impulsif,
maladroit, triste, violent, alors que Nader semble parfaitement maître de la
situation, prônant son innocence. Jusqu’à quand ? Sa propre fille le remet
en question, évoquant son comportement douteux vis-à-vis de la victime. A qui
la faute ? Nader ? Razieh ? Le divorce sous-jacent ? Le
père malade ? …la société iranienne si oppressante et figée ?
Le poids de la religion est inextricablement lié à l’intrigue,
sans être, encore une fois, clairement dénoncé. Une femme a-t-elle le droit de
laver le corps d’un homme ? Est-ce honnête, vis-à-vis de son mari, de
travailler pour un homme célibataire ? Pour ces raisons embarrassantes,
Nader a accepté de ne pas tenir au courant le mari de Razieh. Mais celui-ci le
découvrira après l’incident qui réunira les deux couples, l’entraînant dans une
colère folle. Peut-on jurer sur le Coran de son innocence lorsque la sûreté des
faits s’estompe, les remords commencent à faire surface, et les doutes s’installent
progressivement ? Tant d’interrogations qui torturent les personnages,
prisonniers de la réalité, de leur condition sociale, de leur honneur et de
leur foi.
Au milieu de cette spirale mouvante et vertigineuse se
trouvent les enfants. Razieh et son mari ont une petite fille d’environ six
ans, qui assiste à toutes les scènes d’altercations, absorbant chaque parole blessante,
chaque geste violent. Les yeux impuissants de la petite croisent ceux de
Termeh, la fille de Nader et Simin. Elle est plus âgée, adolescente réduite au
silence face aux histoires de couple de ses parents, partagée entre la
culpabilité de son père et l’amour qu’elle lui porte, et déshonorée devant
toute son école par les insultes lancée par l’autre famille « son père a
tué mon fils ! » s’exclame le mari de Razieh. Le film se termine d’ailleurs
brillamment sur la souffrance de Termeh, littéralement déchirée par la
séparation de ses parents, forcée d’avouer avec qui des deux elle voudra vivre.
Des acteurs puissants, touchants, incarnant des personnages
avec une réelle profondeur. Un sujet original sensible et troublant, mis en
scène de façon à questionner le spectateur, laissant libre cours à toute interprétation.
Nous sommes piégés au milieu des personnages, de leurs certitudes et de leurs
doutes, de la vérité et de ses remises en causes, de notre jugement peut-être
trop partial et de la morale. Il est rare qu’un film parvienne à ce point à
renverser nos certitudes, à bouleverser nos opinions. Le cinéma, pour de vrai.
J'avais déjà envie de le voir, mais ta critique donne encore plus envie !
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